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La production d'un timbre

Par Bibliothèque et Archives Canada    |   Samedi le 15 mai 2010

La production d'un timbre

L'émission d'un nouveau timbre constitue l'étape ultime d'un long processus s'étendant sur deux années. Le public est invité à soumettre des propositions au Comité consultatif sur les timbres-poste qui présente ses recommandations sur les motifs et le choix des artistes à la Société canadienne des postes. On invite souvent plusieurs artistes à soumettre des maquettes. La conception d'une nouvelle maquette est souvent exigée de l'artiste sélectionné afin de répondre aux commentaires reçus. La maquette approuvée est ensuite transmise à l'imprimeur qui assurera l'impression du timbre en employant divers procédés. Au Canada, on a utilisé presque exclusivement la gravure en creux jusqu'en 1970. Depuis, la lithographie est de loin le procédé le plus utilisé.

Émis le 20 avril 1984, le timbre consacré au 450e anniversaire du premier voyage de Jacques Cartier illustre ici tout ce processus. Par ailleurs, des extraits de film illustrent les différentes étapes de la production du dernier feuillet de la série sur les véhicules historiques émis en 1996.

Comité consultatif sur les timbres-poste

Créé en 1969, le Comité étudie les thèmes et les dessins proposés, et il présente ses recommandations au conseil d'administration qui gère le programme annuel de timbres de la Société canadienne des postes. Les recommandations du comité doivent répondre à une série d'objectifs et de critères.

Les objectifs de la Société canadienne des postes concernant l'émission de timbres :

  • Favoriser un sentiment de fierté nationale dans l'esprit et le cÅ“ur de tous les Canadiens et toutes les Canadiennes;
  • Susciter l'intérêt et recevoir la faveur populaire d'une importante portion de la population canadienne;
  • Encourager les Canadiens et les Canadiennes de tout âge à acheter et à collectionner les timbres;
  • Occuper une place de choix au sein des cercles philatéliques, tant au pays qu'à l'étranger.

Les critères de sélection du comité :

  • Sujet ou thème portant sur le Canada et revêtant une importance et un intérêt nationaux;
  • Sujet ou thème évoquant les traditions, les réalisations ou le patrimoine historique ou naturel du peuple canadien;
  • Sujet ou thème représentant la vie sociale, politique, culturelle ou économique du Canada;
  • Sujet ou thème rappelant la naissance, l'Å“uvre ou un événement marquant de la vie d'une personne maintenant décédée et reconnue comme ayant apporté une contribution exceptionnelle au Canada;
  • Sujet ou thème favorisant la bonne entente et la compréhension sur le plan national et international.

Choix des artistes

Afin d'expliquer le processus de sélection du concepteur d'un timbre-poste, on a choisi le timbre sur Jacques Cartier, émis en 1984, car il s'agit d'une pièce bien documentée.

Jacques Cartier, 1534-1984 - 32 cents 1984 - Timbre du Canada

L'idée d'une émission conjointe entre la France et le Canada, afin de souligner le 450e anniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier au Canada, remonte à juin 1982 à l'occasion de l'exposition philatélique internationale Philexfrance. En avril 1983, une entente fut officialisée entre les deux administrations postales : le motif du timbre serait l'œuvre d'un Canadien, tandis que la gravure et l'impression seraient réalisées par des Français.

Le Comité consultatif sur les timbres-poste invita trois artistes canadiens à soumettre des maquettes. Chaque artiste reçut de la documentation historique afin de faciliter la préparation des œuvres. Une des maquettes proposées par Pierre-Yves Pelletier présente la partie canadienne du trajet effectué par Cartier en 1534. La carte est agrémentée d'un voilier de l'époque. La maquette présente également le nom et la valeur nominale des deux pays, ce qui aurait été une première mondiale. Le vainqueur du concours, Yves Paquin, proposa une maquette où se retrouvent plusieurs éléments de l'histoire de Cartier : le manoir de Limoëlou près de Saint-Malo, les armoiries de Saint-Malo, la croix érigée à Gaspé, le navire la « Grande Hermine » et un long calumet.

Conception

Pour le timbre sur Jacques Cartier, le graphiste sélectionné, Yves Paquin, a dû modifier sa maquette à quelques reprises. À la demande de la France, le format horizontal est préféré. La bannière et l'inscription « Cartier 1534 » sont éliminées. De plus, les armoiries de Saint-Malo sont remplacées par celles du temps de Cartier, dans lesquelles figure un chien rampant. Finalement, une courte pipe en terre cuite est substituée au long calumet à plumes qui n'était pas utilisé par les Amérindiens rencontrés par Cartier. Yves Paquin est représenté ici travaillant à une version comportant ces corrections. Il utilise essentiellement une équerre et un compas, ainsi qu'une grille « idéographique » de sa conception que l'on distingue à l'arrière-plan. Yves Paquin a travaillé près de 200 heures à ce projet.

Pour la série sur les véhicules historiques, l'illustrateur Cameron Wykes a réalisé les différents sujets par ordinateur avec un luxe de détails rarement vus sur les timbres canadiens. Les dessins au trait, les nuances et les couleurs ont été réalisés au moyen du logiciel d'infographie Aldus FreeHand. Quant à la typographie et au montage, les concepteurs ont utilisé le logiciel d'édition QuarkXPress. L'utilisation de l'ordinateur simplifie de beaucoup la tâche du concepteur de timbres-poste, qui peut ainsi manipuler à loisir les images de synthèse.

Impression

Comme les timbres ont une valeur monétaire, ils sont imprimés selon des critères stricts de production et de sécurité. Jusque vers la fin des années 1960, la majeure partie des timbres émis en Amérique du Nord britannique étaient imprimés au moyen d'un procédé dit de gravure en creux, lequel rendait difficile la contrefaçon des timbres. C'est ce procédé qui fut utilisé pour le timbre de Jacques Cartier. Toutefois, ce procédé offrait peu de souplesse aux artistes et ne permettait généralement que des timbres monochromes ou bichromes. Avec l'introduction de la photogravure et de la photolithographie offset couleur au Canada dans les années 1960, il devint possible d'imprimer des timbres polychromes plus détaillés. Aujourd'hui, la plupart des timbres canadiens sont produits à l'aide de ces deux procédés. C'est le procédé de la photolithographie offset couleur qui fut utilisé pour le feuillet des véhicules historiques.

Gravure en creux sur plaque d'acier

Lorsque la maquette d'un timbre est créée et approuvée, des graveurs expérimentés, employés par les imprimeurs de billets de banque et autres valeurs, transfèrent avec précision le dessin original de l'artiste sur une plaque d'acier doux, appelée poinçon, en utilisant des outils spéciaux de gravure. Dans le cas du timbre de Jacques Cartier, la maquette fut envoyée au graveur français Claude Haley (1923-1988). À l'origine, bon nombre des dessins étaient créés avec les mêmes dimensions que le timbre, mais de nos jours, la maquette est habituellement cinq fois plus grande que le timbre. Les dimensions de l'« image miroir » gravée sont souvent grandement réduites par rapport à la maquette originale, et ce travail de réduction nécessite patience et adresse de la part du graveur, car il faut reporter précisément le dessin d'un support à un autre.

Gravure en creux

On tire des épreuves intermédiaires sur papier épais à différentes étapes du procédé afin de s'assurer que la gravure est satisfaisante. Ces épreuves sont également transmises à l'autorité compétente qui émet le timbre, aux fins de commentaires, d'approbation et de conservation. Les épreuves de poinçon approuvées permettent à l'imprimeur de passer à la création du cylindre de transfert (ou molette) et à l'impression des bases.

Gravure en creux

Lorsque le poinçon qui porte l'image du timbre a été officiellement approuvé et qu'il a été durci, on fait rouler un petit cylindre (une molette) en acier doux sur le poinçon sous une forte pression exercée par la presse de transfert : le motif est transféré sur le cylindre, en relief.

Gravure en creux

L'image ainsi obtenue est l'inverse exact de celle qui a été gravée sur le poinçon.

Gravure en creux

De nouveau, on durcit le cylindre et on l'utilise pour créer la base d'impression en métal qui portera de multiples répliques de l'image du timbre, et c'est à l'aide de cette plaque que l'on imprime les timbres.

Gravure en creux

Chacune des images du timbre sur la plaque d'impression doit être la réplique exacte de celle qui se trouve sur le poinçon d'origine. Lorsque les graveurs spécialisés qui confectionnent la plaque sont satisfaits de celle-ci, elle est durcie à son tour, et elle est alors prête à servir pour l'impression. Cette phase de la production des timbres est appelée sidérographie.

Gravure en creux

Tout comme pour la préparation des poinçons, des épreuves intermédiaires sont tirées à diverses étapes de l'impression, afin de déterminer s'il y a lieu de modifier une partie quelconque de la base d'impression. Lorsque celle-ci est approuvée, on prépare les planches complètes finales dans la couleur d'émission du timbre-poste. L'imprimeur ou l'organisation qui émet le timbre conserve habituellement ces épreuves de planches dans ses dossiers permanents. Ces documents autorisent l'imprimeur à faire l'impression proprement dite des timbres-poste. L'épreuve de planche partielle du timbre de Jacques Cartier, réalisée par l'Imprimerie des timbres-poste de France, a ceci de particulier qu'elle offre 23 essais de couleurs différentes sur un ensemble de 50 timbres. Les couleurs définitives se retrouvent sur le timbre du coin inférieur droit.

Gravure en creux

Photolithographie offset couleur

Le procédé original de la lithographie repose sur le principe d'opposition entre les corps gras et l'eau. Il permet donc une impression sur un même niveau, contrairement à la gravure en creux. Le dessin original est dessiné sur une pierre calcaire au moyen d'une encre grasse (lithographique). La pierre est ensuite traitée chimiquement, ce qui fixe le dessin dans la pierre. On mouille ensuite la pierre, puis l'encre est appliquée au rouleau. Le dessin gras retient l'encre, alors que le reste de la pierre, humide, n'offre pas de prise à l'encre. Une feuille de papier est pressée sur la pierre, s'imprimant ainsi d'une image inversée du dessin original.

La photolithographie offset est basée sur la même technique. La maquette approuvée est photographiée et transférée sur une plaque sensible de zinc ou d'aluminium. Cette plaque est encrée et l'image est transférée sur un cylindre de caoutchouc. Ce cylindre (le blanchet) reporte l'image sur papier. Cette technique n'inverse pas le motif original et sa flexibilité permet l'utilisation de plusieurs couleurs.

Le feuillet final de la série sur les véhicules historiques, émis en 1996, a été réalisé par ce procédé de photolithographie offset. L'épreuve de planche constitue la seconde vérification signée par le représentant de la Société canadienne des postes, William F. Danard. Des commentaires informent l'imprimeur des détails restant à corriger avant l'autorisation d'impression des timbres.

Photolithographie offset couleur

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